Il est évident que nous sommes le meilleur média musical français. Qu’attendez-vous pour nous faire percer ?
Il y a cinq ans, les français étaient confinés et réduits à prendre conscience du quotidien misérable qu’ils traversaient lors de cette pause commune forcée. L’une des échappatoires à tout ça a été de se reconnecter à ses passions adolescentes en se lançant dans des projets plus bancals les uns que les autres. “La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre” disait Albert Einstein. C’est précisément dans ce contexte chaotique que notre collectif est né : Gather. Cette grande fuite en avant collective a fait émerger tout un tas d’autres agrégats sur les réseaux sociaux et principalement sur X, leur valant le qualificatif de “média twitter” : 1863, Pépite, La Pépite, Raplume, Ventesrap, Mosaïque, RapMinerz, Cul7ure… Une rupture s’opérait. Là où les années 2010 étaient encore dominées par le format long, tant à l’écrit qu’en vidéo, les années 2020 signent le début de l’hégémonie du format court (tweets, threads, reels, tiktoks…) forçant d’ailleurs les médias les plus installés comme Booska-P à revoir leur formule. La brèche était grande ouverte, c’était LE moment ou jamais de s’y faire une place.
Cinq ans plus tard, Raplume a dépassé le million d’abonnés tous réseaux sociaux confondus, Mosaïque réussit l’exploit de publier des magazines papier et quant au boss d’1863 il a, lui, remplacé l’eau par le champagne en s’occupant de la tournée de Théodora. En résumé, le twittos rap moyen de 2020 se retrouve globalement avec un “contact business” en bio, profitant du star-système et des montagnes de cash qui vont avec.
De notre côté, nos soirées ont laissé un déficit de plus de 1500 euros qu’il a fallu éponger en tapant dans nos livrets épargne-logement respectifs. Cela empêche d’ailleurs toujours la quasi-totalité de nos membres de vivre dans un appartement comptant plus d’une pièce principale. Nos podcasts perdent 80% d’audience dès les quinze premières minutes d’écoute. Côté articles, le nombre de vues médian lors de ces deux dernières années doit se trouver aux alentours de 67. Chaque notification d’un commentaire publié sur Instagram nous fait l’effet d’un shoot d’adrénaline tant notre engagement est catastrophique. La cérémonie des Flammes a invité une grande partie de tous ces médias qui se sont montés en même temps que nous… sauf nous. Pour dire vrai, nous n’avions même pas vraiment envie d’y assister, mais putain… on ne nous laisse même pas la possibilité de refuser. Notre rédaction est fière de son modèle bénévole animé par la simple passion, mais regardons la vérité en face : ceci est un choix par défaut. Dans le fond, nous n’attendons qu’à nous faire corrompre par l’argent.
Parallèlement à cela, nos comptes Instagram et Twitter reçoivent presque chaque jour des messages d’artistes ou d’attachés de presse cherchant à promouvoir leur projet. Notre question est donc simple : à quel point le rap indépendant va mal pour qu’il se tourne vers nous pour tenter d’en faire sa promotion ? Ami rappeur, amie rappeuse, nous cherchons tous les deux la même chose : le buzz. Ceci étant dit, nous pouvons t’assurer qu’il est loin de se trouver ici.
Alors, il serait facile pour notre rédaction de fermer les yeux sur ce bilan. C’est d’ailleurs globalement ce que nous avons fait chaque année à la vue de nos médiocres résultats, mais aujourd’hui est un jour nouveau. L’heure est à l’introspection et il est temps de se poser les vraies questions.
Sommes-nous boycottés parce que nous sommes trop forts ?
L’hypothèse est tout à fait plausible. À l’échelle de l’histoire de l’humanité, les exemples d’artistes ou de grands cerveaux redécouverts après leur mort sont légion : Vincent Van Gogh, Vivian Maier, Franz Kafka sont autant de noms auxquels nous pourrions à première vue accoler “Gather” sans trop avoir à rougir. Malheureusement, cela ne nous arrange pas vraiment. Notre rédaction serait bien plus heureuse si elle vivait dans un logement qui lui appartenait et elle a bien compris qu’il ne s’agissait pas d’être le plus riche du cimetière. Il est donc temps que la France se réveille, et tout de suite ! Le rap français l’a crié dans l’underground comme dans le mainstream après tout : “Aimons-nous vivant” nous dit le crypto-expert Sadek, “Ici on n’adore pas les cendres, ici on préserve le feu” nous rappe Sameer Ahmad… Voilà exactement ce que nous nous serions dits il y a un an. Hélas, en se creusant solidement les méninges quelques éléments nous rappellent que nous ne sommes peut-être pas si infaillibles…
En 2021, un ancien membre a par exemple publié un article nommé “Qu’est-ce que la perfection dans le rap ?” se concluant par “cet article n’est probablement pas parfait, tant le sujet est vaste et complexe, mais s’il l’est pour vous, je ne vous contredirai pas”. La tournure de cette phrase et le choix du thème vous ont peut-être mis la puce à l’oreille : non, ce n’était pas le cas. Un an plus tard, Gather titrait en grandes pompes : “L’art de devenir viral par Yung Manny”. Trois ans plus tard, aucun·e des deux auteur·ices de cet article ne se souvient de qui est Yung Manny. À noter également que l’article commençait par “Devenir viral n’a jamais été aussi simple” or, comme nous l’avons vu plus haut, s’il y a bien un domaine dans lequel notre collectif n’a aucune expertise c’est bien la viralité. Enfin, nous avons cette année publié l’un de nos podcasts faisant mention d’une erreur technique indépendante de notre volonté afin de justifier de sa mauvaise qualité sonore. La vérité est que cinq de nos membres – dont l’un sortant d’une école de radio à 8k annuel et contractuel chez Radio France – ont enregistré deux heures entières de podcast les micros tournés dans le mauvais sens.
Ce petit état de conscience nous permettant de réaliser que l’hypothèse “nous sommes boycottés car notre contenu est tellement qualitatif qu’il renvoie le lecteur à sa propre médiocrité” n’étant que peu probable, nous pouvons nous poser la question inverse :
Sommes-nous à chier ?
Nous vous arrêtons tout de suite, ce papier a pour vocation d’essayer de comprendre ce qui nous arrive, mais l’idée n’est pas non plus de nous remettre en cause. À vrai dire, un rapide coup d’œil chez le voisin semble nous montrer que même de grosses erreurs de goût, de traitement de l’information ou de dérapages ne semblent en aucun cas corrélés à une absence de buzz. Booska-P en est peut-être l’exemple le plus flagrant, riant de bon coeur avec le président lorsque le sujet des violences policières est traité lors d’un quasi monologue à sens unique d’Emmanuel Macron. Visiblement, c’est avant tout ça d’être le premier média rap : interviewer Rohff qui gueulait il y a quelques années “Que l’état me suce profond que j’lui fasse recracher mes llets-bi”, appliquer sa réciproque lors de l’entre-deux tours 2022 puis finir par poster des photos de mécaniciens habillés en stormtrooper il y a trois semaines de ça. Bref, c’est beau la liberté. Côté média rap twitter, l’année 2025 a également eu droit à son exploit inégalé. En mai dernier, suite au décès de Werenoi, Raplume – motivé par de soi-disant interdits religieux prononcés on-ne-sait-quand par la famille de l’artiste – appelait dans un post aujourd’hui supprimé à ne plus écouter la musique du rappeur.

L’affaire prenant une tournure absurde sur X, faisant par la même occasion entrer dans le faux-débat les pires bouffons d’extrême droite, la propre mère de l’artiste a même dû prendre la parole pour annoncer que personne ne l’interdira d’écouter la musique de son fils. Grosse boulette. Doit-on condamner le média pour répandre ces débilités alors que l’on parle du décès de quelqu’un ? À vous de juger. De notre côté, nous ne pouvons que saluer l’énergie que Raplume déploie pour repousser les limites de l’absurdité : qui aurait imaginé qu’un média centré sur la musique, en partie financé par des labels cherchant à promouvoir leurs albums à travers des posts rémunérés, appellerait à l’interdiction de ce qui les fait manger ? À ce niveau-là, il ne s’agit plus que d’applaudir. Bravo les mecs.
Être mauvais, faire des erreurs ou avoir atteint son plafond de verre intellectuel ne semble donc en aucun cas empêcher un succès populaire et intrinsèquement commercial. Cela se confirme d’ailleurs très bien chez les artistes. Damso, dont la deuxième partie de carrière est tout aussi catastrophique sur le plan musical que lyrical n’en finit pas de multiplier les certifications. Non, notre manque de buzz ne trouve en aucun cas son origine dans une quelconque médiocrité de notre part. Nous voilà rassurés, bien que face à une deuxième fausse piste. L’enquête piétine, il est temps de passer la troisième.
Sommes-nous punis par le karma ?
Comme la lecture de ce triste tableau le laisse entendre, cette position d’outsiders traversant notre collectif a développé chez nos rédacteur·ices un mépris généralisé pour tout ce qui les entoure. Nous utilisons régulièrement le terme « rédaction » pour faire pro mais « ramassis de haters » serait en réalité bien plus adéquat. Bien que les qualificatifs « haine », « sarcasme » et « rabaissement de l’autre » n’aient pas été mentionnés dans nos différents posts de recrutement, ces trois valeurs sont peu à peu devenues les piliers de la philosophie de notre association. À ce titre, la section « général » de notre discussion de groupe, créée à l’origine pour organiser notre média de manière productive, a rapidement été désertée au profit de la section « hors-sujet », véritable poubelle collective. Cette mentalité toxique a atteint son paroxysme l’été dernier lorsque le clash entre le canadien Drake et l’américain Kendrick Lamar a fait fureur. Ce dernier a en effet été érigé en messie au sein de la rédaction, non par son statut de rappeur et lyriciste hors-pair, mais bien par son statut d’implacable, de redoutable et de créatif haineux.
Cet état d’esprit nauséabond pourrait-il être l’une des raisons de notre absence de buzz ? Afin d’y répondre, plongeons-nous rapidement sur les trois contenus ayant le mieux fonctionné chez Gather et leurs objectifs respectifs :
– Utopia, ressusciter le père.
Objectif : chier sur Travis Scott.
– Le rap n’a clairement plus besoin de payer ses graphistes.
Objectif : chier sur un métier entier.
– Podcasts Journal d’un Hater #1 et #2.
Objectif : chier sur à peu près tout le reste.
La tendance semble claire : cet état d’esprit de haineux développé par les frustrations personnelles des différents membres de notre rédaction ne semble pas être un frein… mais bien au contraire notre plus grande force ! Voilà une première leçon apprise, il s’agirait de creuser le sillon.
Sommes-nous minés par la flemme ?
Durant ses cinq années d’existence, Gather a failli renverser le rap game à maintes reprises : lancement d’une mixtape destructrice faisant rougir les pires tapes d’Atlanta, série de freestyles ringardisant dans la minute les dix années de charbon de Grünt, soirées club ridiculisant la pelleté d’offres déjà présentes… Notre collectif est passé à deux doigts du buzz intersidéral ! Ces projets ne vous disent rien ? C’est bien normal, ils n’ont jamais dépassé le stade d’évocation dans le groupe-chat, très rapidement torpillé par la flemme dès le premier mail à envoyer. Malgré cela, aucun regret ni remords ne s’est jamais fait ressentir au sein de la rédaction. Parce que disons-le clairement : harceler des beatmakers moyens pour qu’ils nous envoient un fond de tiroir ? Communiquer avec des attachés de presse ? Rester sobre en soirée club ? Nan… la flemme ! Pour une fois, félicitons-nous de n’avoir rien fait !
La flemme semble de plus être un trait commun à beaucoup de médias de notre génération. C’est elle qui pousse certains de nos confrères à publier des chiffres de ventes d’album plutôt que de se casser le cul à écrire un article. C’est elle qui pousse tous ces twittos rap à envoyer des takes faussement disruptives pour attirer l’attention plutôt que de proposer un avis construit et nuancé. Mais qui va leur jeter la première pierre ? Sûrement pas nous ! À vrai dire, même le sacro-saint abcdrduson semble touché par l’épidémie. Ils ont eux aussi dû capter que plus personne ne lisait autre chose que les titres des articles car ils ont publié l’année dernière une “conversation” sur le half-time show de Kendrick au Superbowl. Ça a l’air un peu solide dit comme ça mais ça ne reste dans le fond qu’une retranscription de leur conversation de groupe perso. Comprenons-les : au bout du rouleau de l’engagement culturel bénévole, leur membres n’ont plus la force de se coordonner pour écrire un papier à plusieurs qui ne sera jamais lu : ils font copier-coller depuis Whatsapp, ils effacent les emojis et emballé c’est pesé. Vingt-cinq piges qu’ils charbonnent sans qu’il n’y ait rien qui décolle à part deux-trois bouquins qui te remboursent à peine un Scenic d’occas’… Normal qu’ils aient plus de temps à perdre !
Nous voilà donc pris dans un cercle vicieux clair comme de l’eau de roche : nos piètres résultats font baisser notre motivation qui elle-même engendre de piètres résultats. Il est hors de question pour nous de continuer vingt ans de plus pour finir avec le compte en banque de l’abcdr. Gather s’est créé pour aller chercher la coke de Booska-P après tout, celle qui vous fait poster des photos de mécaniciens habillés en stormtrooper on vous dit !
Est-il justement temps de prendre un virage putassier et de “créer du contenu” sur le revival de Malcolm, la dernière robe de Bella Hadid ou l’imitation de SCH par Squeezie comme le font nos contemporains ?
Non.
Avec tout le respect que nous avons pour Booska-P, Views et Raplume, mieux vaut tout de même disparaître dans l’indifférence que dans l’indignité. Pourquoi changer notre fusil d’épaule ? Le mal est fait de toute manière ! Nous sommes déjà l’équivalent de ce vieux rappeur gênant et aigri. Vous voyez ? Celui au boulard surdimensionné qui approche la quarantaine ! Celui qui a raté le coche mais qui continue de s’habiller comme un adolescent attardé ! Mais si, celui qui passe plus de temps à tweeter qu’il a influencé la génération actuelle que de proposer de la bonne musique ! Voilà, vous l’aurez compris, nous sommes une triste version presse d’Ateyaba, les propos transphobes en moins ! Et lui aussi semble envier la cocaïne de Booska-P d’ailleurs !
Alors peut-être est-il temps de se la fermer une bonne fois pour toutes nous direz vous. À qui allons-nous manquer ? Une douzaine de nerds postillonnants ? Des beatmakers ratés ? Les trois auditeurs de LazerDim700 ? Franchement le deuil serait vite fait ! Si notre rédaction souffre d’un terrible manque de charisme, imaginez un peu l’état de nos lecteurs !
Dans ce cas pourquoi ne pas tout quitter ? Hélas, les 10% féminins de la rédaction se doivent d’intervenir : notre collectif étant composé à 90% d’hommes, nos membres sont persuadés que leur “expertise” est d’utilité publique. Les faire taire est donc impossible et tout cela nous amène donc à l’ultime conclusion de cette introspection :
Pourquoi essayer de comprendre ce qui ne fonctionne pas quand on peut juste s’en battre les steaks ?
La solution était là depuis le début, aussi salvatrice que cruelle : rien de tout ça ne paye un centime du loyer de nos membres. Chargés de communication, étudiants attardés et intermittents du spectacle : notre rédaction est une belle brochette de citoyens dont la société contemporaine n’aura plus besoin une fois effondrée par ses propres vices certes, mais elle reste libre financièrement !
Qui voudrait être propriétaire d’un média musical condamné à sucer le marketing du dernier album de Rilès pour survivre ? Ou de la dernière mise à jour de Fortnite ? Ou des putains de mécaniciens habillés en stormtrooper ?! Car s’il y a bien une chose qu’est le métier de CEO d’un organe de presse musical à succès sur internet, c’est bien d’être avant tout un métier chiant à en crever ! Résumons ça une bonne fois pour toute, aucun adolescent aussi débile puisse-t-il être n’a jamais écrit sur sa fiche d’orientation post-bac : “métier envisagé : promouvoir l’actualité musicale de Seb la Frite pour survivre” !
C’est dans cette énergie de je-m’en-foutisme décomplexé que notre rédaction a décidé de poster ses futurs articles sur substack. Cette plateforme de microblogging pour sales nerds nous permettra dans un premier temps de clôturer le site internet, nous faisant ainsi économiser les 150 euros annuels d’hébergement du WordPress actuel. Il faut dire que l’hiver approche à grands pas et que nos membres redoutent déjà les factures d’électricité engendrées par leur logements à DPE catastrophique. Dans un second temps, cela nous permettra de continuer à faire ce que l’on sait faire de mieux : cultiver la haine et la frustration en guise de moteur de création tout en s’affranchissant cette fois-ci de la nécessité de publier des écrits définitifs. Nous avons bien vu ici qu’un bon nombre de nos publications vieillissaient mal. Perdu pour perdu, attendez-vous à bouffer les notes iphones plus que bancales qui zonent depuis trop longtemps dans nos smartphones, à l’image de cet article. Enfin et surtout, cela nous permettra d’être publié entre un reportage corpo sur la productivité en entreprise et un top 10 des façons de bien optimiser son compte Tinder : en somme, de quoi combler quelques lacunes chez nos membres !
Blague à part, l’équipe de Gather remercie les quelques rudes qui continuent de nous suivre depuis cinq années à travers nos publications, listes de sorties, soirées, podcasts et toutes nouvelles projections de films. Le terrain du journalisme musical au sens large est plus que jamais miné par un capitalisme assassin qui force d’anciens médias rap à prostituer leur contenu pour continuer de survivre dans cette récession culturelle. Les Booska-P, Views, Kultur et autres Raplume sont-ils les victimes d’un système plus fort qu’eux ou leur meilleur serviteur ? Sûrement un peu des deux. En attendant de trancher plus précisément, nous souhaitons faire une solide accolade à tous les groupes de passionnés que nous avons pu croiser sur le chemin. Tous celles et ceux qui continuent de chiner, partager, commenter et créer qu’importe leur portée et qui plus est en sachant qu’ils ne nous arriveront jamais à la cheville. Bravo à vous. Nous passons également le salam à ceux qui ont plié bagages avant de prendre 200 euros pour partager un single flingué ou de partager des foutues images de mécaniciens déguisés en stormtrooper : la délégation de Gather vous témoigne ses respects éternels. Enfin et pour finir sur une note un peu plus concrète, nous souhaitons dire à ces quelques internautes réguliers qui nous font remarquer nos oublis hebdomadaires sur nos listes de sortie d’aller se faire enculer une bonne fois pour toutes.
Ceci est le dernier article qui sera publié sur notre site internet. La suite se passera sur substack. Il a été écrit par Lucille et Paul.
Crédit visuel : Paul