2024, L’ANNÉE DU REPLI

Pour débuter 2025, les rédacteurs et rédactrices de Gather vous proposent un bilan de leur année 2024. Tout au long du mois de janvier, les bilans respectifs de chacun de ses membres seront mis à jour sur le site et sur le compte Instagram de Gather.

BILAN 2024 (10/11) : L’ANNÉE DE VALENTIN

2024 a été, à titre personnel, l’année du repli sur le plan musical : moins de temps, moins d’énergie, et peut-être moins d’envie à consacrer à la découverte de nouveaux artistes ou de nouvelles œuvres. Un repli synonyme de retour à des sonorités plus familières et anciennes.

À ma propre surprise, la folk a peu à peu pris le dessus dans mes habitudes d’écoute, reflet d’une certaine lassitude avec la production électronique actuelle. Une lassitude évidemment sans aucun fondement objectif, et plutôt liée, d’une part, à une nostalgie beaucoup trop marquée de la période faste des années 2010, et, d’autre part, au déluge informationnel à subir pour se tenir à jour des dernières évolutions de la scène, qui offre pourtant des choses absolument folles et novatrices, du Brésil à la Tanzanie en passant par le Vietnam.

Si j’ai su trouver satisfaction dans quelques compositions numériques, les cordes des guitares de Joanne Robertson, Manduka et Nick Drake – entre autres – m’ont apporté un réconfort que les épaisses waveforms qui tapissent chaque jour mon fil SoundCloud n’étaient vraisemblablement pas à même de me procurer. Grosso modo, je suis déjà vieux. Voilà mon bilan très autocentré de 2024.

L’ALBUM :
RAPHAEL ROGIŃSKI – ŽALTYS

Le virtuose de la guitare polonais signe un album de folk instrumentale aussi mystique que sublime, inspiré de la musique traditionnelle qu’il avait l’habitude d’entendre, alors enfant, pendant ses vacances répétées dans la région de Suwałki, à la frontière avec la Lituanie.

L’ARTISTE
MOIN

Délaissant son approche sample-only, Moin a invité plusieurs artistes à chanter/déclamer directement sur son (excellent) dernier album. Une décision qui insuffle une sensibilité inouïe à leur post-hardcore austère, et achève de placer le trio parmi les meilleurs groupes de rock de la décennie.

LE MORCEAU
MICA LEVI – « SLOB AIR »

Une odyssée hypnotique. Douze minutes d’une espèce de shoegaze quasi-imperturbable, dont l’effet dépasse largement la somme de ses parties. Derrière son apparente simplicité et son horizon toujours plus lointain semble figurer le sens inaccessible de l’existence – ni plus, ni moins.

LA DÉCOUVERTE
MAPLE FYSHH

Dans les années 90, le Japonais Maple Fyshh compose deux albums magnifiques, aujourd’hui extrêmement rares, mais dont plusieurs titres ont récemment été mis en lumière par une opportune compilation. Entre surf rock et dream pop, sentimentale au possible, la musique frappe directement au cœur.

LA REDÉCOUVERTE
M.E.S.H.

Je triche : je n’ai jamais cessé d’écouter M.E.S.H., mais la récente sortie de son premier album en sept ans m’a fait poncer sa discographie comme jamais. Scythians, Piteous Gate, Damaged Merc, Hesaitix… Autant d’œuvres qui en font un des producteurs électroniques les plus visionnaires de ce siècle.

LE SON CONFORT
MALIBU – « HELD »

Mon titre-refuge depuis 2017, et pas forcément un choix évident : plages ambient scintillantes vite troublées par des cordes dramatiques, poème déprimant sur fond de tachypnée, pincements de guitare déchirants et chantonnements effacés – mais un sentiment de familiarité ô combien réconfortant.

10 ALBUMS MARQUANTS

Raphael Rogiński – Žaltys
Moin – You Never End
Gábor Lázár – Reflex
1127 – ض
Still House Plants – If I don’t make it, I love u
Jabu – A Soft and Gatherable Star
Hesaitix – Noctian Airgap
Erika de Casier – Still
Clinic Stars – Only Hinting
Eyad – Egram

BONUS
10 AUTRES TRUCS (EN LIEN AVEC LA MUSIQUE) QUE J’AI KIFFÉS EN 2024

  1. Le live de fou malade d’Autechre dans l’obscurité la plus totale au Trianon
  2. Mon rythme cardiaque dans la fosse du Bercy de Kaaris
  3. Le doc Arte sur DJ Mehdi
  4. James Massiah qui joue « Pied Piper » en ouverture du concert de Babyfather à Ivry
  5. La série de white labels de DDS
  6. Klein qui se met au rap
  7. Chuquimamani-Condori en polo Red Bull Racing et son keytar à Barbès
  8. À peu près tout ce que le label Heat Crimes a sorti
  9. La voix d’Embaci (malgré le système son pourri d’un certain club de Montreuil)
  10. Le retour aux platines de DJ Ouai à la soirée d’Halloween du Petit Bain

Illustration : Paul Rousselet.

Par Valentin.

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