Pour débuter 2025, les rédacteurs et rédactrices de Gather vous proposent un bilan de leur année 2024. Tout au long du mois de janvier, les bilans respectifs de chacun de ses membres seront mis à jour sur le site et sur le compte Instagram de Gather.
BILAN 2024 (4/11) : L’ANNÉE DE LUCILLE.
Une énième année charnière. Celle où on sort un peu de l’essoreuse pour trouver un autre genre de challenge : la reconstruction. Mentale, physique, sociale, professionnelle, tout y passe. A l’image du superbe Fragments of Us de Midland, il faut remettre son histoire en perspective. A cette question de l’identité et tout à l’inverse du temps politique, une année où les frontières n’existent pas, entre les genres et les influences. On ne peut que se réjouir de la success story de THEODORA comme de l’écho mondial de la funk brésilienne qui résiste encore faiblement à une vampirisation occidentale complète.
Enfin pour l’ambient et la folk, nul souci à se faire vu l’état du monde : le groupe vit. Ce n’était pas une année pour les mastodontes, mais une année où leurs moins bonnes performances ont laissé l’espace de retrouver un underground, une scène alternative prometteuse : Colle, Milan W., Moin, svn4vr dans un autre registre. Une année intéressante à analyser aussi dans le souffle de fin de la critique musicale.
Que ce soit à notre échelle ou par le rachat de Pitchfork et les réorganisations qui ont suivi. Les sites sont passés en mode survie à tenter de nouvelles approches pour endiguer un phénomène inévitable. Est-ce que c’est le temps qui manque aux gens ou l’intérêt, une incompréhension des critiques à comprendre ce que veut le public ou lui qui n’attend plus rien d’eux/de nous ? Est-ce que les artistes avec les albums concepts se sont réappropriés leurs explications de texte et quid du travail d’archives qui disparaît alors ou la profondeur qui a disparu de leurs propos ? C’est un questionnement bien confortable à avoir quand la seule chose qui a vraiment marqué mon année, comme nous tous, c’est une exposition quotidienne à des crimes contre l’humanité à grande échelle et la pire archive qui soit : un soutien inconditionnel.
L’ALBUM : CINDY LEE
DIAMOND JUBILEE
2 heures de musique, 32 pistes pas sur les plateformes, il faut que ce soit spectaculaire pour qu’on y retourne quand même sans cesse. Nouvelle pierre dans l’édifice d’une discographie impeccable, les titres s’enchaînent avec une précision que seule une musicienne hors norme aurait pu imaginer.
L’ARTISTE
CHARLI XCX
Indépendamment de la qualité musicale de ces 3 sorties, on ne peut nier le phénomène culturel, inattendu on peut le dire, à cette échelle et avec ce discours. Outre les récupérations et les implications consuméristes exacerbées, si ma dépression de la trentaine avait eu cet effet j’aurais fini le jeu.
LE MORCEAU
JOY ORBISON – FLIGHT FM
Ce n’est pas le morceau que j’ai le plus écouté cette année mais c’est un de ceux où on se dit “bon bah ce son est parfait”. Il est efficace, évident, un club banger qui s’exporte dans la vie civile pour un shot d’adrénaline.
LA DECOUVERTE : UN ARTISTE
HELEN ISLAND
L’autre album de l’année. Une occasion d’apprendre à connaître une discographie tout aussi superbe. L’intro u in the red dessine l’ambiance : onirique, haletante, romantique. La voix hyper transformée brise les frontières de l’interprète et on embarque dans un entre deux entre rêves et réalité.
UN SON CONFORT
TH – MADÈRE
Quand Madère est sorti on avait des billets pour y aller avec PE. Nous avons finalement respectueusement fini hospitalisée et sous anti dépresseur. Bref à plein de moments dans l’année ce son (ce projet) a pu sonner pathétique, optimiste ou tragi-comique mais à chaque fois absolument génial. A la tienne PE !
UN SON CONFORT
A LILY – SARU I-QAMAR
Saru I-Qamar, Ils deviennent la lune en maltais. Dans les années 60, ceux qui ont quitté l’île enregistrent leurs news sous forme de chant sur des cassettes qu’ils envoient au pays. James Vella a travaillé avec des fonds d’archives et constitué des réponses musicales à ces témoignages.
BONUS : UN PODCAST
LA CHUTE DE LAPINVILLE – ARTE RADIO
Est-ce que c’est le plus grand thriller politique de tous les temps ? Comment Lapin, ce pervers narcissique, provoquera la fin du monde sur fond de scandale de pâté contaminé ? A l’heure où j’écris ces lignes j’ai écouté 180 épisodes et je n’ai aucune réponse mais également aucun regret.
TOP 10 :
MOIN – YOU NEVER END [POST HARDCORE UK]
MIDLAND – FRAGMENTS OF US [ELECTRONICA/HOUSE UK]
MIAUX – NEVER COMING BACK [SYNTH/AMBIENT BE]
JESSICA PRAT – HERE IN THE PITCH [FOLK/COUNTRY US]
HILDEGARD, OURI, HELENA DELAND – JOUR 1596 [INDIE CAN]
MAYA DHONDT – WOW,X [POP EXPÉRIMENTALE BE]
ZAUMNE – ONLY GOOD DREAMS FOR ME [AMBIENT/POP POL]
DJ ANDERSON DO PARAISO – PARAÍSO SOMBRIO [FUNK BRA]
LYNDSIE ALGUIRE – TIME IS BUT THE DRAWING OF A SWORD [AMBIENT/ETHEREAL CAN]
SVN4VR – TENDER [R&B UK]
COLLE – MONTALVO [ALTERNATIVE US]
DORIS – ULTIMATE LOVE SONGS COLLECTION [RAP/EXP US]
NAEMI – DUST DEVIL [ELECTRONIQUE ALL]
Par Lucille.
Illustration : Paul Rousselet.