Ceci est le premier article d’un triptyque de fin d’année, retraçant 2023 par le spectre personnel de trois de nos rédacteurs et rédactrices. Un article écrit par Lucille.
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Dans ce qui est sans nul doute la plus grande épreuve de ma vie j’ai d’abord cru que ce serait non la tristesse mais l’amour et la colère mes deux plus grands carburants. J’ai cette fâcheuse tendance qui me colle à la peau, celle de tout vouloir expliquer, recroiser, recouper et surtout essentialiser. Tout doit avoir une théorie, un champ d’étude dans lequel se plonger, dans lequel venir chercher de l’aide, des raisons et donc des réponses. Qu’elles soient intellectuelles plutôt qu’émotionnelles ne dit rien d’une capacité́ intellectuelle décuplée mais traduit plutôt ma faible intelligence émotionnelle. C’est un terrifiant constat à faire, mais il faut connaitre son ennemi (soi-même) plus que jamais dans ces moments-là.
Alors j’ai d’abord écouté de la musique en réflexe pavlovien. Elle contre qui j’ai aussi d’abord été en colère de ne pas réussir à me faire vivre un répit. Elle m’a semblé fade, accessoire comparée à l’amplitude de l’épreuve et des sentiments que celle-ci m’imposait. J’ai convoqué tous ces artistes, ces sons qui, je pensais, définissaient ma personne, mon histoire et mon identité d’une certaine façon. Mais pas de larmes, pas de sourire, pas de frisson, rien qu’une indifférence latente alors j’ai arrêté. Puis j’ai repris au bout d’une dizaine de jours en tentant les pousse larmes. James Blake, Four Tet, LCD Soundsystem, Weyes Blood : j’ai vraiment convoqué́ mes Avengers. J’ai brièvement trouvé du répit avec 3 Movement de Gia Margaret que j’écoutais pour m’endormir et amener une alternative au bruit des machines. Rien n’y a fait. Alors j’ai cherché pourquoi elle ne m’aidait pas, dans l’espoir qu’on me laisse au moins le cheatcode pour ça. Je suis tombée sur un podcast dont le titre était : Pourquoi la musique nous fait elle pleurer ?. Si je sais pourquoi, je saurais évidemment pourquoi elle ne le fait pas. Hélas je n’ai rien trouvé d’autre que des raisons évidentes pour moi dont la colère faisait partie et des extraits de noise qui déclenchaient au moins quelque chose : un inconfort immédiat. Puis en en parlant à Hugo, il a dit que ça lui était pourtant beaucoup arrivé, de pleurer sur la musique. Mais que pour lui je me trompais peut être de cause, que ce n’était pas la colère mais « l’énergie du combat » qui en émanait et était le vrai déclencheur de l’émotion. Pour la première fois depuis 27 jours, quelqu’un avait réussi à mettre autre chose que le mot « courage » sur ce que je vivais avec ce que cela impliquait de lointain et d’impératif. Des images épiques accompagnent cette expression, le combat. J’ai compris que j’arriverai à pleurer à nouveau si je le voyais comme ça, et non comme du « courage ». Peut être aussi est-ce parce que derrière « courage » se cache la solitude du devoir alors que le combat vous laisse au moins l’avantage d’être au coeur des autres. Même s’ils ne sont pas tous vos plus fidèles alliés, vous êtes au centre d’un collectif.
Bien que j’ai compris très vite que je n’y arriverai pas seule, je n’ai pas échappé à la solitude. Elle s’est matérialisée à chaque fois que je refermais une porte d’hôpital et à chaque fois qu’il fallait passer la porte de chez « nous » qui n’était temporairement plus que moi dans cet espace. « Puisqu’il faut bien vivre » comme on dit, puisque quoiqu’il se passe « demain, il fera jour » alors il faut s’armer au combat plus que de courage. Et comme un bon sélectionneur, il ne faut pas faire tirer Guendouzi mais plutôt recruter Bellingham. Quand le monde se réduit à quatre murs d’hôpital, BeinSport est le pilier de la santé mentale d’un homme. Si j’ai pu me sentir seule, je sais que Omar da Fonseca était toujours mon meilleur allié. Malheureusement Omar n’a pas sorti d’album et je ne peux décemment pas tout lui mettre sur les épaules. Alors évidemment, que fait une meuf blindée de tristesse, elle écoute de la folk avec un objectif : cliquer sur les morceaux qui ont le titre le plus déprimant, et dieu sait qu’ils sont légion. « Bitches be like » comme on dit. Jamais non plus les projets instrumentaux n’ont été aussi salvateurs. L’abondance de pensées et de questions prenant tellement de place dans le cerveau, il n’y en plus pour les paroles des autres.
Puisque de toute façon personne ne pourra prendre le poids dans mon thorax, j’ai préféré dans un premier temps ne pas parler, ne pas répondre car les propositions d’aide sont au pire des politesses vaines, au mieux un « bolus » de morphine qu’on délivre à ceux qui ne sont pas malades, juste en souffrance. Au début de tout ça il m’a prévenu « tu vas être comme les beatmakers, pas grand monde ne va réaliser ce que tu fais mais ce sera tout aussi dur ». Je lui ai dit que ça irait, de toute façon on ne peut rien répondre d’autre à la personne qui doit elle aussi mener son combat, à la seule du duo dont la vie est réellement en jeu. Je ne suis pas quelqu’un qui prend des décisions facilement, mais celle-ci était la plus aisée de toutes : il faut tenir, parce que c’est non seulement son monde mais aussi le mien que l’on va tenir à bout de bras. Et ça risque de durer un moment.
Le 9 Aout 2023, on a diagnostiqué un cancer du sang à la personne qui partage ma vie depuis plus de 2 ans maintenant. Le 15 Aout, alors que je marchais en pleurs dans un Pigalle bourré d’américains en vacances, j’ai appelée ma meilleure amie. J’ai tenté entre deux sanglots de mettre des mots sur ce que je ressentais mais c’est elle qui a réussi : je vivais avec la peur et c’était elle la pire d’entre tous les sentiments. On se débarrasse, ou du moins, on trouve des parades plus facilement à la tristesse qu’à la peur. La moitié de ce pays vit avec une dépression chronique après tout. J’avais ce bruit en tête, celui qu’on ne connait si on est chanceux que dans Grey’s Anatomy. Celui qui se constate avec l’expression d’un « encéphalogramme plat », s’accompagnant d’un bip continue apparu d’un coup mais qui fait tout s’accélérer ironiquement. Cette peur-là ne m’a jamais quittée quelque soit l’étape du traitement.
« L’humour est la politesse la plus raffinée du désespoir » le fait que cette citation vienne d’un médecin en dit long sur le caractère générique de nos tentatives de lutte contre le sentiment premier de désespoir. Mon copain étant presque aussi drôle que moi, les journées étaient longues mais nous parvenions à rire et nous offrir le luxe d’une certaine amitié, je crois, des infirmières. A la fin Aout, lorsqu’il a entamé ce qu’on appelle la phase d’aplasie, deux semaines après le début des chimiothérapies, en plus de perdre cette intimité physique, j’ai fait l’expérience de perdre quelques jours mon ami. Avalé et redessiné par les douleurs et la fatigue, le rire est difficile. Au delà du rire, les dialogues sont difficiles, la morphine étant un somnifère redoutable, à la hauteur des souffrances. Les délais de réponse aux messages s’allongent, les visites s’écourtent, même le sourire semble dur à exécuter. La récompense de se retrouver et pouvoir s’agripper à ces moments là s’éloigne un instant et on se trouve alors dans la plus grande solitude spirituelle. Le temps continue à s’écouler, rythmé par des signes de vie entre deux lessivages par le sommeil. C’est à la fois le creux de la vague et l’écume lorsqu’elle se brise. J’ai gardé les visites quotidiennes, parfois je pense plus pour moi que pour lui. Tous les jours ouvrés, le programme est le même : 17:00 fermer l’ordinateur, monter sur son vélo et remonter l’avenue Jaurès. J’ai traversé un nombre incalculable de fois ce parc, alors vide, me donnant d’abord l’impression que le temps avait réellement changé de dimension. Puis début Septembre, quand toutes les terrasses se remplissaient et que les gens comparaient leur bronzage, il s’était passé quasiment un mois et tous les jours se déroulaient exactement dans cet ordre pour moi. Entre 20h et 21h à la fin des visites : sortir de Saint Louis, tenter de respirer, voir un ciel d’été hachuré par les bâtiments et imaginer le soleil plus que le voir, descendre l’avenue Jaurès, rentrer dans un appartement vide. J’aurais donné une somme colossale (dans la limite de ma tranche d’imposition) pour pouvoir 1h, voire même 10 minutes, vivre la sensation d’insouciance qu’on ressent lorsque le soleil brunit la peau, le sable et le corps chauffent au soleil face à l’océan et son air chaud. J’aurais tout donné pour pouvoir avoir cette dose de plénitude.
Environ deux mois après le début des hostilités, j’ai recommencé à écouter de la musique. Mais que taper dans la barre de recherche? Quelle bande son trouver à cet état que l’on ne connait pas, ce qu’on aurait préféré ne jamais connaitre? La musique parle en grande majorité des vivants, ou bien des morts, mais rarement de l’entre deux, ce qu’on pourrait comparer à la maladie. Peut-être parce que l’intimité qui en découle est logiquement plus ineffable. La pudeur, l’inconnu, en voila des concepts qui s’opposent à la mise en musique. Mais il faut bien que certains s’y attellent pour porter la voix de ceux qui ne parviennent pas à mettre les mots. Julie Byrne a sorti cette année The Greater Wings, un album créé par l’expérience de la perte d’un proche, de son accompagnement de ce qu’on appelle « la fin de vie ». Le deuil, s’il est la finalité de son album, n’éclipse en rien l’épreuve qui y mène et c’est sans doute pour cela que cet album m’a accompagné. Revenant à l’essence de la recherche de témoignages empiriques. Même si cela est moins évident à la première écoute, Sofia Kourtesis a elle aussi sorti un album centré sur la perte de son père, décédé d’une leucémie, la bataille de sa mère avec un cancer du cerveau et le médecin qui les a aidées. Sofia Kourtesis fait pourtant de la house et sa musique appartient plus aux clubs qu’aux hôpitaux. Ce n’est donc pas un problème d’esthétisation qui rend ces témoignages rares mais bien la complexité de les exprimer en premier lieu.
Ma culture musicale est historiquement pavée par les musiques électroniques et c’est naturellement vers elles que je me suis tournée pour trouver des antidotes. Adolescente, j’ai entamé une fascination durable pour l’IDM (intelligent dance music) et celle-ci aurait parfaitement pu m’accompagner dans ces moments-là. Sans doute est-ce parce que dans IDM il y a intelligence et le but premier de ces musiques étant de développer la réflexion, elle devient alors ce que l’on cherche parfaitement à éviter. Difficile également d’imaginer lancer un son de techno et malgré tout mon amour pour les scènes dites « deconstructed », je dirais à ces artistes : « read the room ». Ils sont, avec tout l’amour que je leur porte, l’antithèse même de la quiétude. Shawn Reynolds sur NinaProtocol – la meilleure plateforme de 2023 après sa propre newsletter- a écrit sur le Big-Room Sad Music. Dans l’idée, la house music vieillit et ses artistes avec. Elle devient lointaine, plus casanière et nostalgique. A l’image d’un DJ Koze, celle qu’on appelle aussi la sentimental rave music se destine à ceux qui quittent le club plutôt que s’y éterniser. Là encore je n’ai pas trouvé ce que je cherchais, pourtant le sentiment de détachement de l’espace temps aurait pu fonctionner. Mais avant il n’y avait pas eu de fête ou d’euphorie, juste un quotidien dont on n’avait pas réalisé à quel point il en était une finalement, de par sa sérénité. De l’autre côté du spectre, cette année a été une année particulièrement prolifique pour l’ambient. Pas seulement à titre personnel mais dans ce qu’on appelle « l’industrie ». Si j’étais déjà une cliente du genre, cela n’avait jamais été avec tant de dévotion. En y réfléchissant et en recoupant avec les articles ou réflexions déjà construites autour de cette musique, c’est surement par sa proximité avec la méditation qu’elle a été une des réponses. Quand Brian Eno crée Ambient 4 : On Land ou Ambient 1 : Music For Airports, il se remet d’un accident. Trop fatigué pour régler le son du disque de harpe qu’il vient de mettre, il le laisse tourner dans une version qui n’a plus que les bas volumes. Limité dans ses possibilités physiques, il découvre ce qu’il nommera à travers ces disques, l’ambient. Une musique qui lui permet de développer sa spiritualité. Voyager tout en étant statique, bloquée, c’était exactement ce après quoi je courais. A cet égard, notons également cette année le magnifique II Viaggio de Mélanie Di Biasio qui a magistralement réussi cette prouesse.
Au fil des semaines je ne crois pas que les gens oublient. Simplement, après l’effet d’annonce cette réalité ne fait plus autant partie de leur quotidien que du votre. Au delà des messages pour s’assurer que « l’on tient le coup », ils tentent sans doute avec bienveillance de reprendre des échanges normaux. En s’excusant souvent de se plaindre car comparé à la situation dans laquelle est leur interlocutrice, évidemment beaucoup de choses semblent dérisoires. Alors on sourit poliment en disant que la vie continue. Elle continue pour eux factuellement, pour nous en effet compliqué de s’investir réellement. Les prises de nouvelles s’espacent, les gens répondent quasiment toujours la même chose, « courage c’est bientôt fini » ou « je suis vraiment désolé(e) » accompagnés des éternels, « vous êtes forts ». Et alors la vie quotidienne fait ses seules apparitions à travers ces gens et généralement après le divertissement s’installe une solitude immense de réaliser qu’il n’y a que vous qui fondez en larmes de façon intempestive dans la journée, que vous qui ressentez ce poids immense sur les épaules du lever au coucher. On ne peut pas leur en vouloir, actuellement personne ne peut le prendre ce poids-là mais par conséquent toute autre aide est quasiment inutile. La seule chose qu’on voudrait, que le temps d’un instant ce ne soit pas notre réalité. « Je suis désolé(e), j’aimerais pouvoir t’aider ».
Au bout d’environ deux semaines qui paraissent durer 6 ans, le 10 septembre très exactement, il a refait une blague. A ce moment là le temps s’arrête mais dans l’autre sens. Une vague de bonheur implacable vous inonde, vous, « l’aidant ». Pour la première fois depuis 1 mois, depuis l’annonce, vous voyez l’espoir comme quelque chose d’autre qu’une notion, il se concrétise en une fraction de seconde, par cette blague. A ce moment là vous vous sentez surhumain. Mais la maladie n’est pas une ligne droite, et chaque jour en poussant cette porte, impossible de deviner ce qu’on va y trouver derrière. Chaque jour, comme si cela n’était pas assez évident et accablant, la maladie s’acharne à vous rappeler que c’est elle qui dicte sa loi pour le moment. La joie de la veille se fait alors remplacer par le sentiment de ne pas réussir à avancer, pas réussir à se projeter, ne pas voir le bout des souffrances. Les jours passent c’est une certitude mais pourtant on n’en voit pas le bout. On a une date, approximative, de sortie mais on reste suspendu à ce résultat, ce myélogramme qui nous dira si on continuera à vivre avec la maladie à la maison un temps où si on remettra une pièce dans la machine infernale. Alors qu’on a l’impression de ne plus avoir aucune force à puiser, on s’accroche à une échéance conditionnelle mais nous restons des êtres rationnels, et il faut une échéance réelle pour tenir. A la place de la blague de la veille, on ouvre alors la porte sur le silence d’un sommeil irrésistible, ou sur une crise de larmes dont on imagine que bien que régulière, elle nous est presque toujours cachée. Il ne faut pas se faire d’illusions, si les « aidants » attendent que les portes se referment pour pleurer, les malades font sans doute de même. La solitude de l’épreuve se vit des deux côtés. Le poids de la répétition aussi, si pour moi ce sont les trajets, pour lui ce sont les mêmes questions en boucle : « A combien au niveau des douleurs ? « , « Quelle cuisse je pique ? », « Est ce que tu as réussi à manger ? ». Et les tuyaux, les poches qui varient mais semblent s’enchainer sans fin. La vie ne tient pas à un fil mais à ces tuyaux.
A un certain stade, quand on vous diagnostique des crises d’angoisse ou quand les sanglots deviennent de plus en plus durs à cacher, que vous peinez à répondre sans pleurer à un « ça va ? » et qu’ils éclatent quand vous passez la porte de chez vous, vous réalisez en plus qu’il n’y a rien à gagner à la fin. Il n’y aura pas d’épiphanie, il n’y aura pas de compensation, il n’y aura pas de réparation pour tout ce que vous vivez : vous aurez juste repris le droit à une vie « normale ». Mais la vie ne sera plus normale avant un moment, parce que toute la douleur, le stress, la solitude accumulée vous a déjà épuisée, vidée et qu’il n’y a pas eu grand monde à pouvoir vous aider à la porter, même quand vous n’aviez que cette nécessité là. A ce stade je dois le dire : Pierre Elie, Baptiste, Paul, Walid, Ellie, je vous dois le monde. Et au moment où tout sera « fini », il faudra retourner dans le monde réel avec les gens qui ne l’ont pas quitté. Mais la vérité c’est que pour encore un moment, votre place n’y est pas. Vous avez des plaies à panser et la maladie étant soumise aux mêmes règles que l’actualité, cette étape-là sera peut être la plus solitaire.
Je ne sais pas, je crois du moins, que je sortirai grandie de cette épreuve, en tout cas j’en sortirai définitivement meurtrie. En titane mais profondément changée.
Je n’aurais pas beaucoup parlé de musique, je n’y ai pas beaucoup pensé pour être honnête. Mais je me suis dit que des fois, en ouvrant Twitter et voyant le monde du rap continuer à se déchirer sur les mêmes débats il faudrait peut être pour une fois parler de la vie des gens qui en parlent. La première version de ce texte concluait sur ceci : je crois que la musique est un luxe qu’on a quand l’esprit n’a rien de plus vital auquel s’atteler. En y réfléchissant je crois que c’est faux. Je crois que ce constat personnel révèle les limites de ma position d’auditrice. J’ai passé bientôt plus d’une décennie à écrire et réfléchir la musique, mais aucunement à la faire. Cette conclusion est fausse car un nombre incalculable d’œuvres magistrales vient du fait qu’elle est une catharsis et non un « luxe ». Toutes ces années je l’ai écoutée comme support, comme un tableau blanc rempli par d’autres et dans ce sens évidemment qu’elle ne pouvait pas me sauver, elle n’est pas mienne. Sofia Kourtesis a sur Madres un titre, « How Music Makes You Feel Better » et bien que non explicite dans ses paroles, il l’est dans son constat par quelqu’un qui sait la faire, pas par quelqu’un qui a seulement appris à l’écouter. Enfin il y a un autre aspect qui différencie notre rapport à la musique. Nous qui passons notre temps libre à remplir des échéances bénévoles pour en débattre, continuer à en écouter beaucoup, à fournir des listes, des liens. Consommée telle quelle et par passion, elle est aussi parfois une charge dont il faut se défaire pour se préserver dans le peu de temps pour soi qu’il reste quand on se bat ou accompagne quelqu’un qui se bat avec la maladie, qu’elle soit physique ou mentale. Je vous souhaite qu’elle reste votre quotidien, car cela signifiera que jusqu’ici tout va plus ou moins bien mais tout est surmontable. Mais la route est encore si longue, il va bien falloir y trouver une bande son.
Enfin tout autour, en levant la tête, le constat est tout aussi difficile. On a passé une année de plus à streamer la haine, l’anéantissement de populations, de cultures et de notre humanité avec. L’inaction quand elle est accompagnée du mensonge n’en est plus, l’impartialité quand on est passif devient une complicité coupable. Tout ce que vous avez la force de dire, de faire, d’écrire, de mobiliser compte. On ne changera peut être pas le cours de l’histoire mais nous n’aurons pas été les complices aveugles de gouvernements infâmes aux mains rouges de sang. Protégez vous, mais autant que possible, mettez votre énergie à protéger les autres.
Article écrit par Lucille.
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Je suis un mega fan de musique, cela fait 4 ans qu’on a diagnostiqué un cancer grave à ma mère, votre texte m’a beaucoup touché !
Merci et force !
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