Dallas détient un petit diamant brut en la personne de BigXthaplug. Le 10 février 2023 BigX sortait Amar, un projet extrêmement sérieux qui s’inscrit dans la digne succession de la lourde sonorité du sud.
L’originaire de Dallas n’en est pas à ses premiers faits d’armes. Avant Amar, BigX sort deux projets. Son premier, Bacc from the D en 2020, puis Big Stepper en 2022. De cette période, je ne peux que recommander « Feelin Like Dennis » qui sample le gigantesque « Across 100th Street » de Bobby Womack.
Techniquement et musicalement il possède tout l’attirail pour être l’étoile de sa ville. Mais au delà du simple fait d’en avoir les capacités, porter sa ville natale semble même être un choix fondamental pour l’artiste. Il n’y a qu’à entendre le très explicite single « Texas » pour comprendre que le rappeur est fier de là d’où il vient. Tout y est : instrumental, parole, flow. On est à deux doigts de basculer dans le “kitch”, mais BigX rappe tellement bien qu’on a juste envie d’enfiler ses santiags et prendre le premier avion pour D-Town.
Cette fierté pour sa ville et son état d’origine on le retrouve aussi dans ses invités. Erica Banks, Tay Money, Sauce Walka ou encore ro$ama son brother in arms de toujours. Tous nous viennent du Texas. Mention spéciale au titre avec Sauce Walka « I Know » qui envoie vraiment du bois. Et mention pas forcément spéciale à « Bad Bitches » qui est dans son propos et dans sa proposition, peut-être le titre le plus faible du projet.
BigX possède une sacrée signature vocale. L’homme en impose. En même temps, il n’y a qu’à voir le bonhomme pour comprendre d’où vient cette caisse claire. Si sa voix est particulièrement unique, elle ne manque pas de polyvalence. « Bacc to Tha Basics » en est le meilleur exemple, sur une instrumentale lofi la voix et le flow de BigX en deviennent presque berçants. Alphonse Pierre parle même d’une voix naturellement « chopped & screwed ». Ce qui n’empêche pas – cela dit – BigX d’avoir un delivery affuté et d’être capable d’envoyer de grosses séquences de rap. C’est essentiellement ce qui fait la singularité du rappeur de Dallas. BigX est aussi bien capable de proposer un flow lazy qui sera décuplé par la tonalité de sa voix, que de proposer un couplet très agressif et technique. Tantôt parsemé de « Aye », chaque entame de mesure est rappé crument. Ce caractère abrupt que l’on retrouve dans les barzz du rappeur sert complètement les aspirations d’ascension qui transpirent du projet. Sans pour autant oublier d’où il vient.
« These labels, they tryin’ to sign me
But I want an M for my son, ain’t no tellin’ what I need »
Mise à part une sacrée voix, l’originaire du quartier de Pleasant Grove a aussi une très belle oreille musicale. Alors forcément, dans le sud, on est souvent très bien servi en termes de productions et de samples. BigX ne déroge – ici non plus – pas à la règle. Néanmoins sa sélection de productions reste vraiment à souligner. Dans « Rush Hour » on a le droit à un “terre et mer” avec une fusion Japon / Texas. On n’y aurait pas pensé mais maintenant qu’on connaît le goût, on a qu’une envie c’est d’y retourner. Avec « Badu Flow », il rend hommage à notre reine Erykah Badu en reprenant « Tarika Blue » de Dreamflower mythifier par J Dilla sur « Didn’t Cha Know ».
« Amar » qui est le titre de l’album est aussi le prénom de son fils. En berbère, Amar signifie celui qui construit et dans d’autres traductions Amar semblerait aussi indiqué la persévérance. Hasard ou non, cela incarne très bien la mentalité de BigXthaplug. Aussi bien dans la signification, que dans la symbolique d’intituler son projet par le prénom de son fils : le rappeur semble déterminé à se sortir du rude quotidien et avec lui toutes les personnes qui comptent pour lui. Même si le rap semble être pris comme un métier, et un tremplin vers une vie meilleure, lorsque l’on entend BigX, on a du mal à se dire qu’il ne prend pas un sacré plaisir tant la générosité déteint sur son auditeur.
« I do all this rap just to change how we living »
Article écrit par Loic.
(Crédit Visuel Bannière : @skrats444/ Graphisme : @arthurphl)
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